François BIZET

Auteur, chercheur

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Bio

Formé en Lettres modernes à Paris IV, Paris VII et Paris III, en Art dramatique au Conservatoire d’Orléans, François Bizet a d’abord été libraire à Paris pendant une dizaine d’années, avant de s’expatrier pour enseigner la langue et la littérature françaises à l’université d’Ankara, puis à l’université de Yeditepe, à Istanbul, ville où il a terminé de rédiger sa thèse de doctorat. Il est aujourd’hui en poste à l’université de Tokyo.
C’est au Japon qu’il retrouve le théâtre, à travers le bunraku et l’art vocal qui lui est associé depuis le début du XVIIIe siècle : le gidayûbushi.
Écrivain, il développe des textes à la frontière des genres : La Construction d’Ugarit, prosimètre, récit impossible car se défaisant à mesure de l’avancée des travaux, et si lentement qu’il en vient à se ressourcer dans ses propres ruines ; Traité du corail, dont la forme en expansion constante, à la fois théâtre, poème, dialogue philosophique, étude scientifique, est aussi indécidable que son objet : le corail, animalcule qu’on appelait autrefois « plante pierreuse ». Dans le Mirador et Colosse, vont plus loin encore dans l’exploration de cette veine architecturale où le chantier et la ruine se confondent, où l’édification et l’archéologie ne peuvent plus être distinguées.
Quant à ses recherches, elles l’ont conduit à s’intéresser à la question de la communication littéraire, à travers les figures de Georges Bataille, Jean Genet et Francesco Petrarca. Puis aux rapports de la littérature et de la science, chez Bataille encore, mais aussi chez Francis Ponge, Antoine Volodine, et tout récemment chez deux poètes russes, Nikolaï Zabolotski et Velimir Khlebnikov. Il a également consacré de nombreux articles à Pierre Guyotat, Georges Perec et Marguerite Duras.

LITTERATURE

Le treizième axe

Présentation — oblique — de l’auteur.
Ce texte a paru dans le n°25 de la revue Nioques en juin 2022.

Colosse

Histoire cosmogonico-apocalyptique du Colisée de Rome, vestige en ravalement perpétuel.
Un extrait de ce texte a été publié dans le numéro 21 de la revue Nioques, en 2019. L’ensemble est paru en 24 feuilletons, en juillet 2020, sur un blog du journal en ligne Médiapart.

Dans le Mirador

Histoire du Dôme, lieu imaginaire, édifié sur les décombres d’une civilisation anéantie, et qui bien que conçu par l’homme finit par se comporter comme un véritable organisme autonome, panoptique, tentaculaire.
Le livre est paru en 2018 aux Presses du Réel, dans la collection « Al Dante/Pli ».

Traité du corail

Paru en mai 2021 aux éditions Fidel Anthelme X, à Marseille.« Traité du corail » est le titre d’un ouvrage inédit, consultable aux archives du Muséum d’Histoire naturelle, écrit par un savant du XVIIIe siècle. Peyssonnel (c’est son nom) y rend compte de sa découverte de l’animalité du corail. C’est un traité à l’ancienne, et malgré la nouveauté des expériences menées et du résultat en termes de classification, son auteur n’a jamais vraiment joui de la reconnaissance qu’il espérait que sa trouvaille (confirmée par d’autres peu après lui) aurait pu lui apporter.
L'intention toutefois n’est pas de reconstituer une « vie imaginaire » ou une « vie minuscule ». Pas de visée exofictionnelle. Cet épisode de l’histoire des sciences naturelles n’est donc qu’un prétexte. Prétexte à explorer le mystère de la triple nature du corail, à travers un texte lui aussi génériquement composite, et d’une variété de langues qui doit beaucoup aux mémoires publiés par l’Académie Royale des Sciences de l’époque, abondamment recyclés dans le rythme d'ensemble. Prétexte aussi à déplacer le récit du côté de la multiplicité et de la prolifération organique (le corail étant une association indéfinie de terminaisons individuelles), qui a pour effet de brouiller l'énonciation. Prétexte enfin à rendre le personnage au Temps qu'il traverse et qui le traverse (tremblement de terre de Lisbonne, écartèlement de Damiens, diffusion de l'héliocentrisme). Si Traité du corail est le titre emprunté au personnage historique, cette version se présente donc comme la réorchestration d’une matière dont le narrateur n'est autre qu'un récif, dividu à plusieurs voix anonymes, constructeur erratique de l'histoire personnelle, mais aussi collective, terrestre, cosmique — le corail lui-même, répondant seul de la fiction.
(Le numéro 13 de la revue Nioques avait publié en octobre 2014 les trois « Préfaces » qui ouvrent ce Traité, et la collection « Maind’œuvre étrangère » des éditions Fidel Anthelme X, un extrait : Extinction, en 2019).

La Construction d'Ugarit

Les rois assyriens faisaient déposer dans les fondations de leurs palais, qu’ils savaient périssables, les récits de construction censés résister aux atteintes du temps. Le mouvement de cet ensemble, édifié sur le temps long, est double : à la fois édification et fouilles, le texte s’augmentant, s’élevant à mesure de ses coups de sondes dans le passé.Des cinq parties qui composent La Construction d’Ugarit, seules deux ont été publiées : la partie III, centrale, « La bibliothèque d’Ugarit », dans les numéros 79-80 (1991), 81 (1991), 84-85 (1992) de la revue Le Nouveau Commerce (où elle s’intitulait alors : « le champ, triptyque »), et la partie I, « Recherche du site », dans le n° 20 de La Revue littéraire, en 2005. Des extraits de la partie II, « Acheminement des matériaux », ont paru dans Fusées (n° 13, 2008) et dans Nioques (n° 9-10, 2011). Quant aux parties IV (« L’Énergumène », écrite en 1985) et V (« Murailles et jardins », en 2008) sont complètement inédites.

Tombeau

Ce texte, présenté en français et en turc (traduction d’Ece Korkut), constitue la postface d’un recueil de lettres de l’écrivain Bilge Karasu, édité en 2013 par les soins d’Alain Mascarou sous le titre : Lettres à Jean et Gino (1964-1994), aux Éditions Yapi Kredi.

JAPON

Tôzai !… Corps et cris des marionnettes d’Ôsaka

Qu'advient-il lorsque fraîchement débarqué au Japon, on s’aventure dans un théâtre de marionnettes ? Reste-t-on « à la porte », ou peut-on espérer que l’espace de la représentation se dévoile et s’explique ? Quelle place pour le spectateur devant un dispositif où la scène se dédouble, où les corps sont séparés de leur voix, où la notion de personnage même semble subir un éclatement continu ?
Au théâtre comme partout au Japon, les portes sont des panneaux coulissants. Elles s’écartent successivement, au fil des questions soulevées : comment a-t-on eu l’idée d’une manipulation à trois ? Pour quelle raison certains montreurs ont-ils le visage découvert et d’autres non ? Pourquoi plusieurs récitants se succèdent-ils au cours d’une même pièce ? Et surtout : d’où vient qu’un espace et un jeu à ce point fragmentés donnent une impression de si grande cohésion ?
La fascination du néophyte s’augmentant de curiosité, ce journal d’une découverte peut aussi être lu comme une enquête sur l’histoire des pratiques scénographiques et musicales d’un art plus que jamais vivant, dont les performances perpétuent celles qui firent l’âge d’or du genre au XVIIIe siècle. Un aspect retient l’attention : l’usage inouï de la voix, qui amène l’enquêteur à poursuivre son investigation du dedans, par l’apprentissage. L’aventure s’achève donc dans le face à face d’un maître – Takemoto Koshikô, héritière de l’inventeur d’un art vocal auquel il a laissé son nom, le gidayû –, et d’un disciple que rien ne préparait à une telle opération pédagogique : le transvasement, d’une oreille dans une autre, d’une mémoire lyrique vieille de plus de trois siècles.
Le livre a d’abord été publié aux Belles Lettres, dans la « Collection Japon », en 2013, puis en japonais en 2016, sous ce titre : Le Japon du bunraku (文楽の日本人形の身体と叫び), dans une traduction d’Akiyama Nobuko (秋山伸子), aux éditions Misuzu Shobo (みすず書房).
Deux larges extraits ont été pré-publiés par la revue Ebisu (n° 45, 2011), et par le Bulletin of the Graduate Division of Letters, Arts and Sciences of Waseda University (n° 56, 2010).

Gidayû

Extrait de la pièce Kanadehon Chūshingura (1748), de Takeda Izumo II, Miyoshi Shōraku et Namiki Senryū, enregistré à Tokyo en décembre 2017. Au shamisen: Tsuruzawa Sansuzu (鶴澤三寿々).

« Le bunraku de Barthes »

Ce texte inédit est adapté d’une conférence donnée en mars 2017 à l’INALCO, Centre d’Études Japonaises, dans le cadre du séminaire « L’Empire des signes : un objet, une époque. L’autre aujourd’hui ». Il a été mis en ligne par Michaël Ferrier, sur le site Tokyo Time Table, en 2018.

« L'inhabitat »

Ce texte, présenté lors du colloque organisé à l’INALCO, « Penser/créer avec Fukushima », en juin 2014, a été publié en 2016 dans Penser avec Fukushima, sous la direction de Michaël Ferrier et de Christian Doumet, aux Nouvelles Éditions Cécile Defaut.

« Homo habitans. Le musée de Teshima »

La version courte de ce texte a remporté le 1er Prix du concours d’écriture – Prix Henry Jacques Le Même (3e édition), et a été publiée en 2020 dans le Bulletin de la Société française des Architectes, consultable en ligne. La version longue figure dans le nº 57 de la revue Ebisu « Les architectes de l’ère Heisei (1989-2019). Rôles, statuts, pratiques et productions ».

RECHERCHE UNIVERSITAIRE

Sur Jean Genet et Georges Bataille :

Une communication sans échange. Georges Bataille critique de Jean Genet

Georges Bataille – pour qui la « communication profonde veut le silence » – a successivement défendu et désavoué l'auteur du Journal du voleur. Des deux articles qu'il lui consacre, le second est le seul qui ait connu une postérité, car il figure dans La Littérature et le Mal. La teneur en est nette et sans appel : l'oeuvre de Jean Genet est un « échec », elle contrevient aux exigences de la communication, notion clé de la pensée bataillienne. Une telle sévérité tranche avec la défense sans réserve, quelques années plus tôt, de Haute Surveillance. Pour quelles raisons Bataille révise-t-il de manière si drastique, entre 1949 et 1952, son jugement sur Genet ?
Au-delà de l'effet majeur de l'intervention de Jean-Paul Sartre et de sa préface, Saint Genet, comédien et martyr, ce livre met en lumière un rejet plus profond, lié au jeu des affects, que seul une lecture attentive des textes, replacés dans le contexte intellectuel qui les a suscités (surréalisme, phénoménologie, existentialisme, sociologie sacrée, psychanalyse), peut faire apparaître. Toutefois, ce qu’on appelle ici « communication sans échange » ne désigne pas seulement les rapports complexes et conflictuels des deux philosophes, mais aussi la relation littéraire telle que la concevait le poète Jean Genet, lequel, dans les années 1960, las de la polémique dont il avait été l'objet, déclarait écrire « pour l'innombrable peuple des morts ».
Ce livre, publié par les éditions Droz en 2008, dans la collection « Histoire des idées et critique littéraire », est issu d’une thèse soutenue à l’université de Paris III, en 2002.

Sur Georges Bataille :

« Le Mort,
texte scissipare »

Cet article, issu d’une communication prononcée lors du colloque international à l’université Paris IV, en décembre 2012, a été publié aux éditions Cécile Defaut, en 2013, dans le collectif : Georges Bataille cinquante ans après.

Sur Francis Ponge :

« L’heure végétale »

Cet article, issu d’une communication prononcée lors du colloque international de Cerisy-la-Salle, en juillet 2015, a été publié aux éditions Classiques Garnier, en 2019, dans le collectif : Francis Ponge, ateliers contemporains. On peut écouter l’intervention sur les sites de l’université de Caen et de France Culture. Il figure également dans une anthologie publiée dans la collection "Les traversées de Cerisy", aux éditions Hermann (2022), sous le titre Écrire avec les vivants.

Sur Georges Perec :

« Ceci n’est pas Un homme qui dort »

Cet article, issu d’une conférence prononcée au département de Littérature française de l’université Gakushuin, à Tokyo, en janvier 2009, a été publié dans la revue de l’université du Nebraska, French Forum, en 2010.

Sur Pierre Guyotat

« Les corps débités. Sur Progénitures de Pierre Guyotat »

Cet article, issu d’une communication prononcée lors du colloque international à l’Université de Québec à Montréal, « La vue et la voix. Partage du sensible et communauté de parole », en mai 2007, a d’abord été publié par les éditions VLB, à Montréal, en 2009, dans le collectif intitulé La Vue et la voix, puis par la revue Europe, dans le numéro 961 consacré à Pierre Guyotat.

Sur Antoine Volodine :

« Crise sans sortie, apocalypse sans royaume, fin sans fin »

Cet article, issu d’une communication prononcée lors du colloque international de Cerisy-la-Salle, « Antoine Volodine et les voix du post-exotisme », en juillet 2010, a été publié par les éditions Classiques Garnier, en 2013, dans le collectif : Volodine, etc. Post-exotisme, poétique, politique.

Sur Marguerite Duras :

« L’effacement infini : Marguerite Duras et l’exercice de l’entretien »

Cet article, issu d’une communication prononcée lors du colloque international organisé à Tokyo par ICU (International Christian University), « Marguerite Duras : une critique de la raison », en novembre 2018, sera publié dans le deuxième numéro des Cahiers Marguerite Duras, en 2021.

MEDIAS

« Le coronavirus nous parle »

Ce texte a été publié par le quotidien en ligne Libération, le 29 avril 2020. Le titre imposé par la rédaction est : « Parole de virus ».